DIE



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



DIE



DIE (Augusta Dea, Dea Vocontiorum, Civitas Diensium, Dia, Diia). - Cette ville est le chef-lieu d'une sous-préfecture et d'un tribunal de première instance. Elle est située sur la route N.° 93 de Valence à Gap, à 25 kilomètres de Saillans, 39 de Crest et 69 de Valence, et sous le 44° 45' 3'' de latitude, et le 3° 2' 10'' de longitude. Elle a de vieilles murailles percées de quatre portes et flanquées de tours. Sa population est de 3,555 individus.
Sur les bords de la Drome, et dans une situation assez pittoresque, cette ville est entourée de montagnes. Son territoire offre le contraste de l'aridité dans les parties élevées, et d'une culture riche et variée dans la plaine. Ses productions consistent en grains, vin, fourrages, noix, fruits, et feuilles de mûrier pour la nourriture des vers-à-soie. La production principale est le vin : il y est abondant et de bonne qualité. On y fait un vin blanc appelé clairette, fort agréable à boire, qui a quelque analogie avec le Champagne mousseux.
L'excédant des vins du Diois s'écoule dans la partie supérieure de l'arrondissement, et surtout dans les départemens de l'Isère et des Hautes-Alpes ; on en transporte beaucoup aussi dans l'Ardèche.
Il s'y tient six foires par an, dont plusieurs sont assez considérables ; mais le marché fixé au mercredi et au samedi de chaque semaine est peu important.
Il y a une petite imprimerie, des papeteries, des fabriques de draperies, des tanneries, des mégisseries et des corderies. On y commerce aussi en coutellerie, orfévrerie, boissellerie, etc.
On trouve dans les environs, à Aurel et à Romeyer, des eaux minérales et des géodes remplies de cristaux.
La fondation de Die remonte à une haute antiquité. D'abord l'une des principales villes des Voconces, elle devint, sous Auguste, une colonie à laquelle sa population et sa richesse ne tardèrent pas d'assurer la prééminence sur Luc et Vaison. Elle fut le chef-lieu du premier district des Voconces. Elle était traversée par la route de Milan à Vienne passant par le Mont-Genèvre.
Il paraît qu'elle fut originairement consacrée à Cybèle, à laquelle cette partie du pays des Voconces rendait un culte particulier. Ils la nommaient la bonne Déesse, ou simplement la Déesse, pour en marquer la grandeur et

la puissance ; de là elle fut appelée Déesse des Voconces, Dea Vocontiorum, et du mot Dea est venu celui de Die.
Ce qui porte à croire que Cybèle était la déesse protectrice de cette localité, c'est le grand nombre de sacrifices qui lui ont été offerts à Die. Aujourd'hui encore, on y trouve cinq autels tauroboliques bien conservés. Le premier est dans le jardin de l'ancienne maison Guyon, appartenant actuellement à M. François Armand ; le second est dans le jardin de M. Lamorte-Félines ; le troisième est dans la cour de l'ancien évêché ; le quatrième est chez M.me Lagier, à la ferme des Salières, près du Rif-de-Valcroissant, et le cinquième au domaine de Saint-Auban, appartenant à M. Daniel Chion, sur le chemin de Die à Pontaix. Sur chacun de ces cinq monumens sont gravées deux têtes, l'une de boeuf, l'autre de bélier. Des festons sont enlacés aux cornes de la première, et des bandelettes aux cornes de l'autre. On ne trouve d'inscription que sur ceux de MM. Armand et Chion.
Inscription du taurobole de M. Armand.
D. M. PRO. VAL. IMPER. TAVR. FEC. TIT. L. MAR CELLIN. ET. VAL. DECVMILLA. LV. VOLO SACERD. LV. ATTIO ATTIANI. FIL.
M. François Drojat place l'époque du sacrifice vers l'an 260 de notre ère, et il complète l'inscription ainsi :
DEO MAXIMO PRO VALERIANO IMPERATORE TAVROBOLIVM FECERVNT TITVS LIVIVS MARCELLINVS ET VALENS DECVMILLA LVCIO VOLO SACERDOTE LVCIO VATTIO VATTIANI FILIO DENDROPHORO
Au Dieu suprême, pour l'empereur Valérien, Titus Livius Marcellinus et Valens Decumilla firent faire ce taurobole, dont Lucius Volus fut consécrateur, et Lucius Vattius, fils de Vattianus, dendrophore (1) (1) Voyez la dissertation de M. François Drojat, tome VII, page 63 et suivantes, des Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France..
Inscription du taurobole de M. Chion.
PROSALVT - IMA ECAT NVSATD DE SVO
(Le reste manque.)
Indépendamment des sacrifices que consacrent ces monumens, les auteurs anciens en rapportent un autre que le pontife perpétuel de Valence vint, avec sa femme et sa fille, offrir à Cybèle, avec une grande solennité, le 30 septembre 245. Le monument a disparu, mais voici l'inscription conservée par les antiquaires
M. D. M. I.
Sacr. trib. tavr. fecer. cvm svis hostis et aparam. omnib. L. Dagidivs Marivs pontif. perpet. civit. Valent. et Vervllia Martina et Vervllia Maria fil. eorvm pro salvte Imp. et Caesar. Philiporvm Avgg. et Otacilliae Severae. Avg. matris Caes. et. castror. praeevntibvs sacerdotibvs Ivni. Titio XV. vir. Aravsens. et Castricio Zozimione civitat. Albens. et Blattio Paterno civitatis Voc. et Fabricio Orfito Liber. patris et caeteris adsistentibvs sacerdotibvs V. S. L. M. loco vires conditae die prid. kal. oct. Imp. Philipo et Titiano cos.
A la Mère des Dieux, la Grande Idéenne :
Dagidius Marius, pontife perpétuel de la cité de Valence, et Verullia Martina, et Verullia Maria, leur fille, firent ce taurobole, sacrifice voué avec tous ses vases et ses apprêts, pour la conservation des empereurs et Césars Philippes, Augustes, et d'Otacillia Severa Augusta, mère des Césars et des camps ; les prêtres célébrans, Junius Titius, quindécemvir d'Orange, Castricius Zozimio de la cité d'Albe, et Blattius Paternus de la cité des Voconces, et Fabricius Orfitus Liberus, se sont librement acquittés de leur voeu, avec les pères et autres prêtres assistans : les parties génitales (de la victime) sont enfermées en un lieu. La veille des kalendes d'octobre, Philippe empereur, et Titianus consul.
La garde du temple de Cybèle à Die et les cérémonies du culte étaient confiées à des flamines, qui partageaient avec leurs femmes la dignité du sacerdoce. Il y fut, en outre, institué, en l'honneur d'Auguste, un collége de six prêtres, et ce nombre forma leur nom de sexviri augustales. Ainsi que cela se pratiquait aussi à Narbonne les jours anniversaires de la naissance d'Auguste et de son avénement à l'empire, ils immolaient une victime, et distribuaient aux habitans de l'encens et du vin pour faire des libations en l'honneur de ce prince.
Il est peu de villes où l'on retrouve en aussi grand nombre des restes de monumens antiques, des inscriptions, des fragmens de colonnes (1) (1) Les Romains tiraient la plupart de ces colonnes du pays même. Ce fait est attesté par les colonnes à demi-taillées qui se voient encore au-dessus de Pra-Peyret, sur la montagne de Glandas et sur la route de Die à Grenoble. La carrière est dans une plaine ou pâturage alpin qu'on nomme le Plan-de-la-Queyrie (la plaine de la carrière). On y arrive par une gorge étroite, appelée dans le patois du pays le Cros-de-la-Violette. Il y a encore plus de 400 blocs, ou entièrement taillés ou simplement dégrossis, sur la place. J'y ai vu des masses de 20 pieds de long, plusieurs colonnes entières ou brisées. Il existe encore aujourd'hui un de ces immenses blocs qu'on a commencé à séparer du rocher par une rainure fort profonde : les Romains y ont laissé un de leurs coins de fer. Ce n'est point pour un hospice dans le moyen âge qu'on a taillé toutes ces pierres : il y a des chapiteaux et des colonnes. Ce passage est entièrement fermé en hiver ; un hospice y serait inutile. C'était la carrière des temples et des monumens de Die. Une révolution imprévue aura fait abandonner les travaux. La pierre de cette carrière est calcaire, et la même que celle des colonnes qu'on voit en grand nombre à Die parmi celles de granit gris. On ne peut les confondre avec ces dernières. Cette carrière n'est pas éloignée du Mont-Inaccessible ou Mont-Aiguille.
(Note de M. Denis Long.)
et de bas-reliefs. Beaucoup de ces fragmens sont employés dans des bancs et des chambranles de portes et de fenêtres.
La porte de Saint-Pierre, par laquelle on arrive à Die en venant de Saillans, est un reste de construction romaine. On y voyait autrefois une inscription portant que Sextus Vencius Juventianus, prêtre augustat, agrégé au corps des citoyens, et élevé à la dignité de sénateur de Lyon, etc., avait obtenu des Vocontiens les honneurs d'une statue, à cause de sa grande libéralité pour les spectacles et les jeux publics.
A gauche, hors de la même porte, est un lieu appelé vulgairement Palat : on croit que c'est l'emplacement de l'ancien palais.
Un peu plus loin, et tout près des remparts, on remarque des restes de murailles en forme d'hémicycle, qui font conjecturer que ce sont les ruines d'un théâtre.
A quelque distance de là, on reconnaît les vestiges des aqueducs qui amenaient à Die les eaux de Romeyer et de Valcroissant.
La porte Saint-Marcel, avec ses deux tours, est un arc de triomphe, auquel furent ajoutées dans le moyen âge des constructions qui contrastent avec ce qui reste de cet antique édifice. L'arc est d'un fort beau dessin ; le dessous est orné de roses et de festons ; la façade extérieure est tout unie, mais la façade intérieure est ornée d'une grosse tête de boeuf dans le milieu, et d'une figure de triton en relief de chaque côté. On n'est pas d'accord sur le temps auquel remonte ce monument, non plus que sur son objet. Des connaisseurs l'ont rapporté à Domitius Aenobarbus, pour avoir soumis les Salluviens ; quelques-uns à Q. Fabius Maximus, pour avoir défait Bituitus, roi d'Auvergne ; d'autres à Marius, qui traversa le pays des Voconces après sa victoire sur les Teutons et les Ambrons ; d'autres au préteur Pontinius, pour avoir vaincu les Allobroges. Il en est aussi qui l'ont attribué au règne d'Auguste ; d'autres enfin à l'empereur Constance, pour la victoire que, vers l'an 353, il remporta sur Magnence à la Bâtie-Monsaléon, appelée alors Mons Seleucus.
Les belles colonnes de granit qui forment le péristyle de l'église cathédrale, et celles qui supportent les voûtes supérieures des divers étages du clocher, ont évidemment appartenu à des monumens antiques.
Sur la porte de la maison de M. de Roquebeau est un bas-relief bien conservé qui représente des vendanges, et sur la porte de la maison de M. Joubert père est un médaillon, avec une jeune tête qu'on croit être celle de Drusus, fils de Tibère.
A plusieurs époques, on a découvert dans divers quartiers de la ville, en creusant des fondations ou des caves, des mosaïques d'une exécution parfaite, et l'on doit regretter que les propriétaires ne les aient point conservées. La plus remarquable était celle qui fut trouvée dans l'ancienne maison Caneau, appartenant aujourd'hui à M. Laurens. Elle représentait, avec un encadrement de fort bon goût, Neptune armé de son trident, assis sur un cheval marin et entouré de poissons ; une chouette était sur la branche morte d'un arbre fruitier.
Les nombreuses inscriptions de la ville de Die ont été recueillies a diverses époques, d'abord par Aimar Duperrier, ensuite par M. Lagier-Vaugelas, M. Denis Long, M. l'abbé Martin, M. Artaud, de Lyon, et, en dernier lieu, par M. François Drojat. On les trouvera rassemblées à la suite de cette notice.
A la décadence de l'empire romain, et lorsque le christianisme s'introduisit dans ces provinces, au commencement du IIIme siècle, Die devint le siége d'un évêché, et son premier évêque connu fut Saint Martius, qui vivait en l'an 220. Il a eu d'illustres successeurs, entre lesquels il en est dix ou douze que l'église reconnaît pour saints. Saint Nicaise, cinquième évêque de Die, fut le seul des prélats des Gaules qui assista au premier concile de Nicée.
Après la chute de l'empire, cette ville passa successivement au pouvoir des Bourguignons, des empereurs d'Allemagne, des comtes et des évêques, qui la possédèrent en souveraineté jusqu'à sa réunion au Dauphiné.
Les Lombards s'en étaient rendus maîtres en 574.
Cette contrée, qui était hérissée de forts, fut long temps le théâtre des guerres des seigneurs, pendant la féodalité.
L'évêché de Die fut uni à celui de Valence par une bulle du pape Grégoire X, datée de Vienne le 25 septembre 1275. « Il les unit de manière que les deux églises fussent gouvernées par un même évêque, sans confusion ni des deux diocèses, ni des deux chapitres. » Cette union dura jusqu'en 1687, et en 1790 l'évêché de Die fut supprimé par l'effet de la révolution.
Après les guerres de la féodalité vinrent les troubles religieux. Die fut une des villes qui en souffrirent le plus. Les protestans la prirent en 1577, et depuis, après l'avoir abandonnée, ils y revinrent en 1585, et l'ayant reprise par composition, ils en rasèrent la citadelle.
En 1588, les chefs protestans assemblés à la Rochelle prescrivirent l'établissement à Die, Montpellier, Lille, Castres, Montauban, Nérac, Bergerac et Saint-Jean-d'Angely, de chambres souveraines chargées de rendre la justice aux religionnaires ; mais Henri IV supprima tous ces tribunaux par un édit du 4 juillet 1591.
L'édit de Nantes rendit la paix à ces contrées. La liberté de conscience y ranima l'industrie et l'étude des sciences. Die eut une académie protestante, où l'on enseigna jusqu'aux langues orientales ; mais la révocation de cet édit lui porta un coup funeste.
Les protestans y ont encore aujourd'hui une église consistoriale.
L'église cathédrale fut en grande partie démolie pendant les troubles religieux, et cet acte de vandalisme est attribué au marquis de Gouvernet, qui était alors la terreur des environs. Ce n'est qu'un siècle après, en 1673, qu'elle a été rétablie dans l'état où elle est maintenant.
A une lieue et demie au nord-est de Die, est l'ancienne abbaye de Valcroissant, devenue la propriété de M. Chevandier-Duseigneur. La destruction du monastère date des guerres religieuses, et la tradition veut encore que ce soit l'ouvrage de Gouvernet, qui aurait fait mettre le feu aux bâtimens de l'abbaye, et aurait forcé les moines à se disperser.
Borné de toutes parts par des montagnes couvertes de bois, le vallon de Valcroissant offre des sites pittoresques et sauvages fort remarquables. Il y a des eaux magnifiques, et l'on y voit encore quelques vestiges de l'aqueduc qui, sous la domination romaine, les conduisait à Die.
On éleva dans cette ville, en 1801, un monument à la gloire de Napoléon. Un piédestal en marbre, d'un seul bloc, soutenait deux belles colonnes de granit élevées l'une sur l'autre à une hauteur de 11 mètres. Elles étaient terminées par un globe, sur lequel était une Renommée tenant d'une main une branche d'olivier et de l'autre sa trompette, à laquelle pendait une flamme sur laquelle était écrit : BONAPARTE donne la paix. Au tiers de l'élévation, on lisait : A BONAPARTE, et sur les trois faces en avant du piédestal : Vainqueur, Législateur, Pacificateur. Sur la quatrième face, on lisait l'inscription suivante :
Érigé par la reconnaissance a BONAPARTE, Vainqueur, Législateur, Pacificateur, l'an ix de la République,
Bonaparte premier consul,
Chaptal ministre de l'intérieur,
Descorches préfet de la Drome,
Falquet-Travail sous-préfet a Die.
A la rentrée des Bourbons en 1814, ce monument fut renversé, et l'on voit encore dans la promenade publique de l'ancien évêché, gisans cà et là, des fragmens de colonnes qui rappellent cet acte de réaction.
Die est la patrie d'Antoine Rambaud, célèbre avocat du tiers-état du Dauphiné, qui vivait sous Henri IV, et qui a laissé des ouvrages dans lesquels il combat l'autorité des papes ; il fut un des plus ardens défenseurs du tiers-ordre contre les deux premiers ;
Du chanoine Artaud, qui vivait en 1227, et l'un des jurisconsultes les plus estimés de son temps ;
De Jacques Avond, qui, après avoir abjuré le culte réformé, se fit prêtre et se consacra tout entier à la défense de la religion catholique. Il fit imprimer à Grenoble, en 1651, un Poème sur l'honneur du sacré voeu de virginité et de continence.
De M. Jean-Denis Long, médecin, né le 3 octobre 1766. Quoiqu'il n'ait encore rien publié, c'est un de nos plus habiles archéologues.
Et de M. François Drojat, avocat, né le 19 octobre 1795, auteur de plusieurs mémoires sur les antiquités nationales, insérés dans les recueils de la société royale des antiquaires de France, dont il fut secrétaire en 1827.
Inscriptions antiques qui se lisent encore à Die.
Chez M.me Morand-Planel est une inscription qui sert de dalle, et qui a été consignée par M. Lancelot dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, tome VII, page 232 ; la voici :
D M POMP. FASTINI FILI PIISSIMI DEFVN ANN. XX QVEM POST MORTEM FRAR ... IVS SEVERIANI L. POMP HERME ROS PATER AMISERAT
Aux mânes de Pomponius Fastinus, fils très respectueux, mort à l'âge de 20 ans, qu'après le décès de Severianus, son frère, L. Pomponius Hermeros, leur père, avait perdu.
On lit l'inscription suivante chez le sieur Fleury, maçon :
T. HEL. ALEXANDRI F. HE D ET. VALERIA VALERI M INCOMPARABILI ET SIBI
Aux mânes de T. Helius Alexander, fils d'Helius, Valeria, fille de Valerius, à son époux incomparable et à elle-même.
Celle-ci se trouve chez le sieur Breynat, près de la porte Saint-Marcel :
CL. FELLATI.
A la porte de la maison de M. de Félines, notaire, sont deux fragmens d'une belle inscription en lettres onciales, publiés par M. Lancelot dans le tome VII des Mémoires de l'Académie des inscriptions. Ils ont dû faire partie d'un monument considérable élevé par un père et une mère.
OR ET IVLIA CARINA PARENTES FIL VIVI FECERVNT
Victor et Julia Carina à la mémoire de leur fils.
Chez M. Long, médecin, près de la porte de sa remise, on lit dans une tablette carrée :
D M C. MELLINI SECVNDINI MELLINI VERVS ET SEVE RVS PATRI.
Aux mânes de C. Mellinus Secundinus. Les fils Mellinus, Verus et Severus, à leur père.
On trouve dans la même maison cette autre inscription :
MERCVRIO NOVELLVS IOVINCATI V. S. L. M.
Novellus, fils de Jovincatus, a rempli son voeu à Mercure.
Près de là, un fragment de brique porte ....RIANVS.
M.me Lagier possède un fragment très mutilé, avec ces restes de mots :
.... RIANVS .... COMPARA .... TE AN. XX VIVS

Die, sous-préfecture sur la Drôme.
On lit chez M. Coursange, au troisième étage, dans la cour :
MARCELLI NAE VALERI ANVS LIBRAR CONIVG. CAR ET. S. V. F.
Valerianus, écrivain copiste, à sa femme bien-aimée Marcellina et à lui-même, de son vivant.
Sous le porche de la cathédrale :
.... AVSTINI HOMV .... ONIS. FIL. CARILL. M .... L. PATRI
Chez M. Armand :
.. ORI SANCTISSIMAE ... IVS. PRAETOR FLAMEN
Julius, préteur flamine, à sa très vertueuse épouse.
Sur une pierre, au coin de la sacristie, est une ascia sculptée en relief, d'un pied de longueur, et qui ressemble à nos pioches de jardin.
On a trouvé en 1799, dans les fondations du rempart, un cippe qui a été recueilli par Antoine Tardif, près de la porte de Serre. On y lit :
D M VALENTINIO FORTVNATO MILLEGIMO AVREL. TITVS B. F. AMICO FCT.
Aux Dieux Mânes et à son généreux ami Valentinius Fortunatus Millegimus, par Aurelius Titus, bénéficiaire (1) (1) Titre militaire..
On lit vis-à-vis de la poste aux lettres :
... VTIVS CINNAMVS ET BABV .. A FVSCINA VXOR VIVI SIBI FEC
L'inscription suivante se trouve dans les remparts de l'hôpital :
... ALERIAE IVSVALERIANVS
Celle-ci est chez M. Motte, en travers, au-dessus de la porte :
MARI ATTI ET VALERI SVET MARINVS
Aux mânes de Marius Attius et de Valerius, Suetone Marinus.
On connaît à Nîmes l'épitaphe d'un Marinus, surnommé Vocontius, du pays où il était né, usage qui s'est conservé jusqu'à nos jours, où les domestiques et les ouvriers prennent souvent encore le nom de leur patrie. Reinesius a remarqué que c'était principalement chez les Gaulois qu'on ajoutait, dans les monumens publics, le nom du pays de ceux à la mémoire desquels ils étaient élevés (1) (1) Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, tome VII, page 247..
Les trois fragmens d'inscriptions suivans ont été trouvés dans une démolition faite récemment dans les remparts :
.... AES FIL PIENTISSIM VERINVS SORORI KARISSIMAE ET SI BI VIVS. FECIT AN. XXII D. F.
Verinus, fils très respectueux d'....aes, vivant, fit élever ce tombeau pour lui et sa soeur bien-aimée, qui mourut à l'âge de 22 ans.
CATI ATERNIANI ANNOR. XVII COELIA. MARCEL
Coelia Marcella, aux mânes de Catius Aternianus, qui vécut 17 ans....
D M IVLIA IV RINAE FIL GLYCERA XOR EIVS VAE VERIN FIL PARENTIB OPTIMIS F
Il paraît que ce monument appartient à la famille de Verinus, que des fils et une épouse l'élevèrent à leurs excellens parens.
On voit dans la cour d'une maison un autre fragment sur lequel on lit : ATTI. MA..., en lettres qui ont 6 pouces de hauteur.
Hors de la porte Saint-Marcel, dans le massif des remparts à gauche, on trouve cette inscription :
D M IVLI. VIRIN. IVLIVS VIRINVS. PATRI PIENTISSIMO
Julius Virinus, fils de Julius Virinus, aux mânes de son excellent père.
Et au bas du rempart, vis-à-vis du bastion, cette autre :
D M IANVARIO IVLLVS ET MARCELLA FILIO
Jullus et Marcella, à leur fils Januarius.
Pline fait mention d'un Julius Viator, du pays des Voconces, et chevalier romain, qui, dans sa vieillesse, avait contracté l'habitude de n'avaler aucun liquide, dans la crainte d'enfreindre les ordres des médecins, qui, l'ayant guéri dans son enfance d'une hydropisie, lui avaient interdit tout ce qui pouvait alimenter et augmenter les humeurs séreuses de son corps (1) (1) Plin., lib. VII, cap. XVIII..
Le même auteur dit avoir vu chez les Vocontiens une pierre récemment tombée du ciel (1) (1) Plin., lib. II, cap. LXVIII..
On lit dans le jardin de M. Poudrel, avocat :
.... FELICISSI MI. FIL. FRAT
L'épitaphe suivante a déjà été consignée dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et dans Gruter :
D M M. NVMISI .. PRIMO SEVERA VI TALIS COIVGI.
Severa Vitalis, à Marcus Numisius Primus, son époux.
On a trouvé dans cette ville les traces du culte de la déesse Andarta, qui, selon Dom Martin, était chez les Gaulois la victoire divinisée (2) (2) Religion des Gaulois, tome II..
L'inscription suivante est dans la cour de l'évêché :
DEAE AVG ANDARTAE L. CARISIVS SERENVS IiiiiI VIR AUG VS. LM
A l'âuguste déesse Andarta, Lucius Carisius Serenus, sexvir augustat, a accompli librement ce voeu.
On voit chez M. Long, médecin, un petit autel votif sur lequel on lit :
DEAE AVG ANDARTAE M. POMP PRIMITIVS EX VOTO
A l'auguste déesse Andarta. Voeu de Marcus Pompeius Primitius.
Dom Martin a rapporté deux autres inscriptions avec le nom d'Andarta.
La suivante, qui est sur la terrasse de l'évêché, a été citée dans le tome VII des Mémoires de l'Académie des inscriptions, page 232 :
D M CARINIANI VAL ERIANI FIL ANNORVM. XV ACNE FIL. CARISS ET SIBI VIVA FEC
Acné a fait ériger ce monument, de son vivant, à la mémoire de son cher fils Carinianus, fils de Valerianus, qui a vécu 15 ans, et pour elle-même.
Sur la même terrasse sont encore les inscriptions suivantes :
IOVENTIO ADRVMETI F VERECVNDA VERCATI VXOR V. F. ET SIBI
Verecunda Vercatia, femme de Joventius, fils d'Adrumetius, a érigé ce monument, de son vivant, pour lui et pour elle-même.
D M LIBERORVM AC CON IVGIBVS PVBLICI CALIS TI ET IPSIVS CONSECRATVM CVM. BESEVINEAE AREP EX CVIVS REDITV OMNIB ANNIS PROLIBARI VOLO NEMINVS XV V S L H. T. H. N. S.
Aux mânes des enfans et aux femmes de Publicus Calistus. Publicus Calistus, vivant, leur consacre un arpent de sa vigne de Combèse, ordonne que sa rente, chaque année, s'emploie à leur faire faire des libations, et veut que leur sépulture n'excède pas 15 pieds. L'héritier est exclu de ce tombeau.
D M IVLIA PHILVMENES SEX. POMP EVTYCHES MARITVS ET IVL. CALLINICE LIB PIENTISSIMAE
Aux mânes de Julia Philumène, Sextus Pompeius Eutychès, son mari, et à Julia Callinice, sa pieuse affranchie.
A côté de cette inscription, on en voit deux autres remarquables ; elles sont gravées dans les Annales encyclopédiques, par M. Millin, livraison de février 1818, page 294.
La première de ces inscriptions signifie : « Que tous ceux qui sont ici présens sachent que ce mur est commun entre ces deux maisons. »
La seconde porte : « Qu'une communauté de pauvres a acheté un mur mitoyen d'Etienne Pansal et de sa femme, lequel est commun, et que les pauvres devront entretenir le chenal, garantir le pavé en pierre du pont Saint-Nicolas, etc. »
Au-dessus de la porte de M. Rousset, on remarque une troisième inscription qui est également gravée dans les Annales encyclopédiques, même page. Cette inscription a, comme les précédentes, rapport aux conditions imposées au propriétaire de la maison Boniface relativement à un mur mitoyen.
On trouve ailleurs qu'à Die des inscriptions concernant les Vocontiens, entre autres au musée de Marseille, où l'on a transporté d'Arles une inscription relative à un flamine de la colonie de Die, et à Ventavon, dans un château situé à 3 lieues de Sisteron. Il y en a une aussi dans le musée de Lyon dans laquelle il est fait mention d'un Atilius Sabinus, décurion des Voconces (1) (1) Notice du Musée de Lyon, N.° 64..
Dans la salle des archives de l'évêché, on voit un ancien pavé en mosaïque qui paraît y avoir été transporté ; il représente des têtes d'animaux qui jettent de l'eau, pour désigner les quatre fleuves du paradis terrestre : le Tigre, l'Euphrate, le Phison et le Géhon. On y voit aussi des poissons, des plantes marines, des oiseaux et différens symboles.
Dans le jardin de la veuve Lamorte-Penthièvre, on trouve sur une grande pierre de marbre une inscription qui paraît appartenir au IVme ou Vme siècle ; elle est remarquable par l'orthographe et par la forme des lettres qui a précédé le gothique. Voici cette inscription :
HIC DALMATA CR ISTI MORTE REDEM TVS QVIISCET IN PA CE ET DIEM FVTVRI IVDICII INTERCEDE NTEBVS SANCTIS L LETVS SPECTIT
On lit chez le sieur Bonnet, dans la cour du domaine des Salières, près de Die :
DEAE AVG ANDARTAE T DEXIVS ZOZIMVS
L'inscription suivante qui, à en juger par les caractères dont elle est formée, paraît appartenir au IIme ou IIIme siècle, se trouve dans la rue du Salin :
VAL. VERAE DEFVNC TAE ANN. VI. L. VAL-VE RATIANVS FIL INCOM
Celle-ci est chez M. Long :
D M severI myron voc ser et verIna fil kar
L'inscription tumulaire suivante, qui a été découverte dans les remparts, appartient à la famille de Val. Vera, de la rue du Salin. Les lettres indiquent le commencement de la décadence.
D M VERATI AL BINI FIL VERA MATER FILIO OPTIMO
Les deux inscriptions suivantes, en l'honneur de la déesse Andarta, se trouvent, la première dans la Religion des Gaulois, livre III, page 12, et la seconde dans Gruter, page 88.
DEAVG ANDARTAE M. IVL. ANTO NINVS
A Andarta, déesse auguste, Q. Julius Antoninus.
DEAVG ANDARTAE M. IVLIVS THEODORVS
A Andarta, déesse auguste, M. Julius Theodorus.
D M PVPI PATERN FIL PATERNVS PATR
Paternus père, aux mânes de Pupius Paternus, son cher fils.
RIFATI VS VIVS SIBI IAE FECIT (1) (1) Cette inscription est dans le jardin de l'hôpital actuel, sur une longue pierre recouverte en partie par des constructions qui cachent encore plusieurs lettres.
Aux mânes de Rifatius.... ius, vivant, fit élever ce tombeau pour son épouse et pour lui.
On lit dans l'ancienne maison Perley, et dans la rue allant à l'évêché :
OIVIDIO ORV CONTVB
A la porte du jardin de l'ancienne maison Dupalais, rue de l'Hôpital :
.... CDNIC DCC IND .... NVLEVS. SVBDIAC. Kt. IVL FELICIT. IN. XPO
.... Nuleus, sous-diacre, mourut heureusement en Christ, aux calendes de juillet, l'an 700.
Dans la prairie de la fabrique de M. Rolland :
D PRIMANI M FVEVEREI PHI LVGYRIVS FIII
Aux mânes de Primanus Fuevereus enterré ici. Lugyrius lui fit en cet endroit même élever un tombeau.
Inscriptions rapportées par M. l'abbé Martin, d'après divers auteurs, mais qui n'existent plus à Die.
D VERI SEVERIANI ARGENTARI AN M XXIX. SEVERINVS. ET. IVLIA. PARENTES INFELICISSIMI. ET SIBI. V. F.
Aux mânes de Verus Severianus, argentier, mort à l'âge de 29 ans. Severinus et Julius, parens très infortunés, vivans, élevèrent ce tombeau commun.
On lisait sur un marbre antique trouvé parmi les ruines de l'église Saint-Pierre, hors de Die :
SEX. VINCIO IVVENTIANO FLAMINI. DIVI. AVG ITEM. FLAMINI. ET CVRA TORI. MVNERIS. GLADIA TORII. VILLIANI. ADLEC TO. IN. CVRIAM. LVGDV NENSIVM. NOMINE. INCOLATVS. A. SPLEN DIDISSIMO. ORDINE EORVM. ORDO. VOCONTIOR. EX. CONSENSV. ET. POS TVLATIONE POPVLI OB. PRAECIPVAM. EIVS. IN. EDENDIS. SPECTACVLIS LI BERALITATEM
A Sextus Vincius Juventianus, flamine du divin Auguste, encore flamine, chargé de présider aux combats des gladiateurs, choisi pour entrer dans le corps du sénat lyonnais par son très brillant ordre, au nom de Villianus, l'ordre des Voconces, sous le bon plaisir et à la demande du peuple, en mémoire des magnifiques jeux publics que donna Sextus Vincius Juventianus.
Dans les fondemens des remparts de Die.
D M m. Primi Messe soris atisia pavlina mari to optimo
Aux mânes de M. Primus Messesor. Atisia Paulina, à son excellent époux.
Dans la rue de l'Évêché :
D M VALERIAE VALER F. MARTINVS ABAER EX TESTAMENT FEC
Aux Dieux Mânes. Martinus, trésorier du trésor public, fit, d'après une disposition de testament, élever ce tombeau à Valeria, fille de Valerius.
Dans la maison Carajat :
SINCER VALER DINAE MVSM FIL. FIL SIMO
Maximus ...., fils de .... Maximus, à Sincerus ...., à Valeria Secundina, et à ...., son fils, très respectueux fils.
M. EVTICHI. SABI NIANI. EVTICHIA SABINA. PATRI OPTIMO
Aux mânes d'Eutichius Sabinianus. Eutichia Sabina, à son excellent père.
VERATIO VERINVS MARCELLI FILIO PIENTISS ET. S. V. F
Verinus éleva ce cippe à Veratius, fils très respectueux de Marcellus, et pour lui-même vivant.
L. IVL. CLADATAE VIR. AVG L. IVL. IVLIANVS PATRI. CARISSIMO ET IVL. CARPIME MATR. VIV. F
Aux mânes de Lucius Julius Cladata, sexvir augustat. Lucius Julius Julianus, à son très cher père, et Julia Carpime, à sa mère ; vivans, ils élevèrent ce tombeau.
VALERIAE. VALENTINI. F AVENTINA. SECVNDINA. MATER
A Valeria, fille de Valentinus, Aventina Secundina, sa mère.
Dans la rue de l'Hôpital, maison Dupalais :
CAR CARETENI PIENTISSIMI POSI TVM A SORORE ET MATRE
Aux mânes de Caretenus, fils très respectueux de Caretenus. La soeur et la mère ont placé ce tombeau.
I. O. M. C. F. VENAES. F. COELI. HER. MAGORAE. ET. VENAES ATTICILAE. LIB. EPAPHRO DITVS. EX VOTO
A Jupiter tout-bon, tout-puissant. En faveur de Venae, fils de Caïus, de Coelus, son fils, de Magora, sa femme, et de Venae Atticila, sa fille. Epaphrodite, affranchi, d'après un voeu.
T. COELIVS. ASIATICVS VIVENS SIBI FECIT
Titus Coelius Asiatieus, vivant, fit élever ce tombeau pour lui-même.
IVLIAE VAND ... T. IVL. AG GELLVS VXORI. C
Titus Julius Agellus, à Julia Servanda, sa chère femme.

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